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IIèmes Rencontres Nationales de Propositions Citoyennes pour l'Agenda de Paix


La société civile dans une nouvelle formulation du plan anti-drogue

Rafael Orduz Medina
Sénateur de la République


Afin d'apporter ma contribution à cette table ronde, qui réunit la société civile et ses organisations autour du thème des cultures illicites, je voudrais aborder le sujet de la co-responsabilité internationale dans le contexte actuel, fruit d'événements récents qui ont suscité un débat sur la politique anti-drogue; la Colombie a aujourd'hui une occasion unique d'ouvrir le débat sur la politique mondiale anti-drogue.

Tout d'abord, le manque de cohérence du gouvernement dans sa stratégie anti-drogue a ouvert une quantité de petites brèches, prêtant le flanc à des critiques aussi ponctuelles que pertinentes. La conception que se fait le gouvernement du Plan Colombia semble dépendre du porte-parole, et on voit ainsi l'emphase passer du composant militaire à la stratégie d'éradication de cultures, elle-même variant entre les pactes et les fumigations. De plus, le manque de coordination dans l'exécution du Plan (notée récemment par le Médiateur du citoyen) provoque des effets indésirables comme la fumigation de zones où se déroulent des programmes de substitution de cultures, ou des accords préliminaires et des pactes d'éradication volontaire.

En second lieu, une intéressante discussion est en cours aux États-Unis sur l'efficacité réelle de cette politique anti-drogues, notamment et paradoxalement grâce à Hollywood et à l'impact du film "Trafic" sur l'opinion publique. De ce fait, on questionne l'efficacité de la politique de criminalisation, à l'intérieur, et de réduction de l'offre, dans les pays producteurs, en termes de coût économique. Les chiffres montrent un échec de la guerre contre les drogues. Ainsi, entre 1980 y 2001, les dépense budgétaires américaines destinées à la guerre contre la drogue sont passées de 2 à 20 milliards de dollars. Le quart de la population carcérale (soit 500 000 personnes) est en prison suite à une violation des lois anti-drogue, notamment pour possession de drogue, ce qui a augmenté les coûts de 30% entre 1987 et 1998, au détriment des dépenses d'éducation, qui ont diminué de 18,7% sur la même période. Et dans la rue, la drogue est moins chère et plus pure qu'il y a 10 ans. Les contribuables américains en sont venus à mettre en question l'efficacité des dépenses de lutte contre les drogues, et à se demander s'il ne vaudrait pas mieux réorienter la politique intérieure vers des considérations de santé publique.

Si on ne peut pas préjuger qu'un tel changement de politique intérieure aux États-Unis entraînera nécessairement des changements dans la stratégie internationale, la conjoncture actuelle ouvre en tous cas le chemin à une politique de réduction de la demande, et amène à analyser l'efficacité économique de la stratégie de réduction de l'offre. Dans cette optique, il serait important d'évaluer si, en matière de réduction de l'offre, il ne vaudrait pas mieux dans des programmes d'éradication manuelle et de développement de productions licites, plutôt que dans l'éradication forcée.

Il est donc important, pour la société civile colombienne et ses organisations, de reconnaître cette opportunité et d'initier des actions plus claires au niveau international, en particulier auprès des instances publiques ou privées qui, aux États-Unis, se montrent réceptives et prêtes à discuter des préjudices et des limitations de la politique actuelle, et à l'éventualité de modifications au Plan Colombia: le gouvernement colombien et ses diplomates ont en effet, jusqu'à présent, gardé le silence dans ce domaine, ce qui occulte nos propres critiques contre la politique anti-drogue et le rôle que nous jouons dans des affaires très importantes pour le processus de paix et le futur du pays.

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