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LE PLAN COLOMBIA: UN JEU DE MASQUES (résumé)

Observatorio para la Paz 1

Le "Plan Colombia" a revêtu de multiples déguisements –colombe, faucon, fumigateur, pacifiste ou écologiste– qui s'exhibent volontiers quand il s'agit de quêter ressources ou bienveillance à l'extérieur, sans qu'importe vraiment ce qui se dit ou se pense à l'intérieur. Le gouvernement de "La grande alliance pour le changement" a proclamé, le 22 octobre 1998, dans la chaude région de Puerto Wilches, que le premier Plan Colombia était l'"axe central de la politique de paix". Il a en outre assuré que dans la lutte contre les cartels de la drogue, les insurgés de la guérilla pourraient être un allié précieux.

Dans la stratégie de réduction de l'offre de drogues, le premier "Plan Colombia" ne s'intéressait qu'à l'offre de matière première naturelle pour le raffinage d'héroïne et de chlorhydrate de cocaïne. Il ne se préoccupait même pas de toutes les cultures illicites, mais seulement de celles qui, de par leur superficie ou leur productivité, ne servent qu'à la subsistance physique des familles des petits paysans appauvris. La distinction entre cultures illicites de petite et de grande taille avait une importante fonction symbolique : celle de jeter des ponts avec les guérillas et les populations des territoires contrôlées par elles, de séparer les aspects sociaux et criminels, aujourd'hui totalement confondus, et ouvrir timidement la porte vers la communauté internationale pour réviser la stratégie de réduction de l'offre basée sur la répression juridico-policière des paysans et la fumigation aérienne des cultures. Dans la mesure où la nouvelle version du texte ratifie le besoin d'utiliser la voie militaire pour briser le complot entre trafiquants de drogue et guérilla et visant à déstabiliser l'Etat et menacer la sécurité continentale, la recherche d'une solution négociée qui ne présuppose pas une défaite de la guérilla n'a plus du tout de sens.

Les solutions sont à la mesure du diagnostic. Il ne s'agit plus d'éliminer les causes structurelles de la violence, décrites plusieurs fois dans la version du Plan de Puerto Wilches, mais de garantir la présence de l'Etat sur tout le territoire national. Des appels précis au renforcement des institutions et à la modernisation des Forces armées remplacent le précédent appel à vaincre les inégalités sociales et politiques entre colombiens.

Il n'aura fallu qu'une année pour que la colombe de la paix se transforme en un faucon aux serres acérées, entraîné et alimenté par le Pentagone. Porté par les chaudes brises tropicales, ce rapace arrivera bientôt dans le sud colombien, dans la forêt profonde du Putumayo. 


1 Cet article est une version corrigée du texte éponyme apparu dans le Bulletin "Punto crítico del conflicto" n°0, an 1, Mars 2000, publié par l'Observatoire sur le Phénomène de la Drogue en Colombie; il a également été publié par Indepaz dans la compilation "Cultivos illícitos, narcotráfico y agenda de paz", Bogotá, juin 2000.
[Article complet en français]

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