Facteurs internes et externes de la guerre civile en Amérique latine
(résumé)

Rosa Lopez Oceguera
Ana Lucia Gomez Mejia

Uppsala, 29 Mai 2001

Contenu

1. Introduction
2. Le rôle des niveaux de conditions systémiques et régionales
3. Les conflit au Salvador, au Guatemala et en Colombie

3.1. Salvador

3.2. Guatemala

3.3. Colombie

1. Similarités et différences dans la correlation des facteurs internes et externes
2. Conclusions

Bibliographie

Alors que la majorité de la littérature sur la paix et la résolution de conflits se centre sur les facteurs internes des conflits intra-frontières et considère les facteurs externes uniquement comme l'intervention de tiers, considérant l'exacerbation si elle est négative et sa résolution lorsqu'elle est positive, cet essai suggère que pour des raisons historiques et structurelles en Amérique latine les conflits sont une caractéristique permanente de l'intervention étrangère.

Au travers d'une analyse comparative des dynamiques de la guerre civile au Salvador, au Guatemala et en Colombie, nous argumenterons que bien que les facteurs internes sont proéminents en termes de ressources de violence, les facteurs de l'État n'opèrent pas dans le vide et la combinaison et l'interaction des conditions régionales et systémiques, ainsi que les actions prises par le pouvoir hégémonique dans la région, ont également un rôle significatif.

Ces deux aspects, conditions et actions, dérivés de l'application de la doctrine de sécurité nationale que les États-Unis ont instauré dans le contexte de la guerre civile et qu'ils utilisent comme légitimation idéologique de l'expansion globale de ses intérêts, ont joué un rôle essentiel.

Dans l'hémisphère occidental, la doctrine a pris une expression très concrète dans une série de politiques élaborées pour assurer l'aire d'influence traditionnelle des États-Unis dans un système international bipolaire. D'après la conceptualisation de la sécurité régionale des États-Unis, le rôle des armées latino-américaines était de garantir la stabilité interne, ce qui se traduisait principalement par la préservation de stratégie anti-guérillas pour répondre aux défis imposés par les mouvements insurgés. Les résultats ont été l'augmentation de la polarisation et de déstabilisation de ces sociétés, comme dans le cas des guerres violentes et prolongées au Salvador, au Guatemala et en Colombie, le plus vieux conflit armé de la région.

La théorie d'Edouard Azar sur les conflits sociaux prolongés qui à niveau intermédiaire fournit un pont entre les modèles génériques de la tradition de résolution de conflits, les politiques spécifiques et les explications historiques de conflits particuliers, établit des liens nécessaires entre les causes internes et externes de la guerre civile. Bien qu'ayant été développée pendant les années 70 et 80 , cette approche théorique offre une vision contemporaine dans l'analyse des conflits et aide à les situer dans le contexte social des conditions internationales.

Pour reprendre l'emphase que met Azar sur le fait que les ressources des guerres civiles viennent principalement de l'État et la reconnaissance du rôle qu'elles jouent, ce que l'auteur appelle liens internationaux, cet essai développe l'argument que les politiques anti insurgés établies pour neutraliser les mouvement de guérilla dans les pays latino-américains depuis 1960 et dans le cadre de la doctrine de sécurité nationale proclamée par les États-Unis dans le contexte de la guerre froide, ont permis à l'état d'imposer des conditions internes de terreur indiscriminée dirigée vers la population civile, avec comme conséquence immédiate des milliers de morts, des déplacements massifs de population et des abus contre les droits de l'homme, et avec des résultats imprévus au niveau de la société, contribuant ainsi à une plus grande fragmentation de situations internes déjà hautement polarisées.

Les trois études de cas de conflits ont été sélectionnées avec les critères suivants :

1. tous présentent les caractéristiques de conflits sociaux prolongés, débutant comme des guerres civiles mais avec une forte dimension de sécurité régionale et internationale
2. tous sont l'expression d'instabilités politiques durables et acharnées
3. tous ont des racines socio-économiques concernant une histoire commune d'économie d'exportation basée sur des cultures primaires, de grandes inégalités de la possession des terres, et une classe dirigeante oligarchique caractérisée par l'exclusion économique et politique
4. aucun n'a été une manifestation d'ethnicité bien que les trois pays soient des sociétés plurielles avec des proportions différentes de populations indigènes
5. tous sont été conclus par l'État dans une perspective anti insurgés

Dans la section 2 nous présentons les conditions au niveau systémique et régional. Dans la section 3 nous donnons une brève description des trois études de cas. La section 4 résume les caractéristiques communes et les principales différences de corrélation entre les facteurs internes et externes dans les dynamiques des conflits des différents cas. La section 5 est une conclusion.

Le but du présent essai est de promouvoir des discussions sur l'interaction des facteurs internes et externes au vu de leurs implications pour la théorie de la résolution des conflits et sa pratique, étant donné que ce domaine ne concerne pas seulement les symptômes de destruction produits par le conflit mais également les causes.